11,6 milliards d’euros, c’est la somme record qu’ont atteint les levées de fonds des startups françaises. Un palier historique, illustration parfaite du succès que rencontre la FrenchTech. J’ai la chance de me rendre régulièrement à Station F et d’échanger avec ces entrepreneurs. Derrière ces chiffres grisants se cachent bien souvent des heures de travail, des nuits blanches et des angoisses, conséquences d’un quotidien à contre-courant.
De l’audace et des convictions
Quitter un job rassurant pour créer sa boîte, investir ses économies pour financer un prototype ou payer un local… Des décisions que les jeunes entrepreneurs peuvent être amenés à prendre, et qui entraînent bien souvent les mêmes remarques de la part de leur entourage : « Et si ça ne marche pas ? Tu as pensé à ta retraite ? Pourquoi tu ne fais pas plutôt ça sur ton temps libre ? ». Effectivement, vu de l’extérieur l’entrepreneuriat peut faire peur.
Vu de l’intérieur, c’est presque pire ! Paroles d’une entrepreneure croisée à la Felicita : « C’est fatigant d’entendre toujours le même refrain. On a besoin d’être encouragés, pas de supporter les angoisses des autres vis-à-vis de nos projets. ». Entre les problèmes opérationnels, les emplois du temps à rallonge et la gestion de situations parfois précaires, les porteurs de projets sont effectivement déjà bien (pré)occupés.
Malgré tout, ils n’échangeraient leur place pour rien au monde. Ces entrepreneurs sont passionnés, ils aiment apporter des solutions, innover, et par-dessus tout : ils croient en leur projet. Une conviction indispensable pour ne pas se laisser impressionner et influencer par des réactions décourageantes.
Station F – Photo originale
Garder la tête froide
Pourtant, c’est vrai, il arrive que certaines entreprises n’aboutissent pas. Le plus souvent ça fait l’effet d’une bougie qu’on éteint, sans vague et sans bruit, ou encore d’un sablier dont le temps est écoulé. Mais parfois, le choc est plus violent et les conséquences lourdes à assumer.
Discussion avec une banquière en charge des startups : « Face à certains projets, on refuse le prêt et on explique : les bases ne sont pas assez solides, au moindre problème tout va s’écrouler. On ne le fait pas de bon cœur ! Les idées sont souvent belles et l’enthousiasme des entrepreneurs est contagieux. Alors ils tentent ailleurs, auprès d’organismes alternatifs. Il arrive qu’on ait eu tort, bien sûr. Mais dans certains cas on recroise ces entrepreneurs, au bout du rouleau, avec des créances à rembourser et un projet qui ne verra pas le jour. ».
Un cas de figure terrible pour les entrepreneurs concernés et leur entourage.
À côté de ça, on lit partout des histoires d’entrepreneurs à succès expliquant combien ils ont dû insister et se battre alors que personne ne croyait en leur projet, ou combien ils sont reconnaissants envers l’oncle ou la tante qui a bien voulu leur prêter les fonds nécessaires. Alors, comment faire la part des choses ? C’est un des grands challenges rencontrés par les startupers. Ils doivent apprendre à distinguer le moment où l’effort de plus sera salvateur, de celui où il faut renoncer. Persévérer, se battre, en gardant toujours la tête froide.
Parmi ceux qui réussissent, certains ont un sens du business inné et voient très distinctement cette frontière. Les autres savent se protéger du stress de leur entourage et préfèrent s’appuyer sur des mentors expérimentés et bienveillants. Finalement, une des clés pour une expérience réussie, c’est peut-être de ne pas rester seul, mais de s’assurer d’être entouré des bonnes personnes.